Prendre des grades fait-il avancer vers la Connaissance ?
J'ai 17 ans de maçonnerie et je pense ne rien savoir d'important. A chaque grade on nous dit plus ou moins qu'on en saura plus après, on nous tient en haleine mais rien ne vient jamais. Y a-t-il réellement quelque chose d'important à venir ?
REPONSE. Vous répondre de manière satisfaisante ne peut pas être simple car beaucoup de choses sont à prendre en considération.
Il faut déjà savoir ce que vous attendez et ce que estimez être ce savoir, cette connaissance importante pour vous. Il y a votre capital de base à prendre en considération : êtes-vous marqué du signe d'une prédisposition pour aborder la Voie ? La majorité des hommes et des maçons ne l'est pas, raison pour laquelle de très nombreux frères continuent à se comporter en profanes et/ou utilisent la maçonnerie à d'autres fins comme faire des affaires voire agir en prosélytes pour d 'autres groupements, etc.
Il y a ensuite le corpus des rites qu'il faut considérer dans leur globalité en analysant leur contenu non dans le cadre de l'évolution biblique des légendes des grades mais en se demandant ce que chaque nouveau degré apporte dans le cadre de l'évolution de l'initiation qui n'existait pas encore ou n'était pas abordé. C'est surtout ce point qu'il faut rechercher. A ce plan là, on constate en effet que certains degrés ne servent à rien, ils sont là pour jouer leur rôle de niveau supplémentaire dans le système mais ils n'apportent rien d'utile ni d'intéressant en terme de contenu. S'il n'y a pas de contenu, on ne trouvera rien dans un rituel vide qui de ce fait ne mérite pas ce nom de rituel, une nouvelle légende du grade ne constituant pas nécessairement un contenu initiatoire.
La Connaissance serait-elle absente des rituels ?
Oui pour la majorité d'entre-eux mais il y a néanmoins quelques ferments présents dans les rituels de base. Le premier degré reste le plus riche de tous mais beaucoup de maçons ne le savent pas : le 18e est présent au 1er, le 32eme aussi et le CBCS ! Alors pourquoi aller chercher ailleurs ce qui se trouve déjà là ? Parce que les formateurs, qui devraient savoir ces choses-là, ne possèdent pas le bagage qui leur permettrait d'éveiller les Apprentis puis de continuer cet éveil avec les Compagnons, le Vénérable ayant pour mission de continuer la formation des Maîtres.
Pourquoi l'Ordre insiste-t-il sur la façon d'épeler ? Il convient de se poser la question. Pourquoi continue-t-il au second degré avec l'accent mis sur la juste prononciation des mots ? La légende du grade n'a aucune importance par elle-même, elle sert juste d'outil pour aborder discrètement ce problème de la vocalisation. Ensuite viennent les questions sur le pourquoi vocaliser et dans quelle condition ? N'importe qui peut-il vocaliser ? Evidemment, non ! Il y a d'abord des conditions physiques, ensuite une nécessaire connaissance de cet univers qui ne se révèle pas aux non initiés. Les rituels ordinaire de travail permettent-ils de devenir un initié ? En aucun cas et pour aucun grade fut-il le dernier du système, les Instructions non plus mais le Symbolisme : OUI, totalement, ainsi que la rituélie d'entrée dans l'Ordre ( voire à la limite celle de la réception au 3eme grade mais c'est déjà trop tard trop si de mauvaises habitudes ou dispositions se trouvent déjà prises) qui peut provoquer un choc, une ouverture ! C'est le travail sur la trame symbolique que la Maçonnerie vous impose qui vous mettra en possibilité ou non de parvenir à la Voie, ceci ne dépendra que de vous, de ce que vous ferez au quotidien de votre vie mais surtout du travail opéré sur lesdits symboles, emblèmes et allégories. Prendre des grades ne vous fera jamais avancer sur la Voie, ce serait plutôt le contraire. D'ailleurs, dans les pays anglo-saxons, on assume son devoir de tenir un office, chacun à tour de rôle et tout le monde y satisfait, mais on s'en défait au plus vite à la fin de l'année. En France ? C'est comme pour nos politiques, chacun ne pense qu'à son intérêt, c'est la pratique du cumul, du tout pour soi et du rien pour les autres.
Pour progresser sur son chemin, il faut se déposséder, se débarrasser de tout ce qui se trouve inutile pour notre devenir ici-bas et post-mortem. Donc plus vous accumulez de grades, de fonctions, d'honneurs, plus vous vous éloignez de la Perfection, de la Vertu, de la sincérité et de la simplicité. Avancer sur son chemin exige une simplicité : "heureux les simples" nous dit le sermon sur la montagne, une authenticité totale, la renonciation aux illusions de ce monde. Ici, tout est faux, tout se trouve paré du voile de l'illusion y compris dans nos temples, chapitres, aréopages, consistoires et conseils. Il faut oser le dire si l'on possède un reste d'honnêteté.
Quand on reste ignare, que l'on ne veut rien voir ni savoir : "à quoi servent la lumière, les bougies et les lunettes quand on ne veut rien voir ?", on peut prendre des grades mais cela implique, par contrecoup automatique, que si l'on s'engage volontairement dans l'erreur, il va falloir en payer la conséquence. Le maçon ne doit pas forger ses chaînes pour s'enfermer dans la matière, dans les passions, il lui faut travailler à sa libération. Le maçon libre dans la loge libre ne doit pas s'enchaîner lui-même. Comment voulez-vous vous libérer, qu'une ascension vers le Ciel devienne possible pour vous, si votre but permanent reste le prochain grade ou la prochaine distinction ou fonction ? Celui qui agit ainsi s'enfonce toujours profondément vers le nadir et sa mort initiatique et spirituelle. Ces gens sont déjà morts et ils ne s'en doutent même pas ! Lire sept pages de prières dans un rituel ne sera d'aucune utilité aux mécréants qui forment les légions ténébreuses de ce monde ni à ceux qui s'imaginent être de bons maçons ou de bons catholiques. L'Eternel ne veut pas de prières, il veut des actes. C'est sur nos actes et la conséquence de nos actes que nous serons jugés pas sur les prières faites ou non faites. Il ne veut pas des prêtres et des fidèles qui refusent l'asile de l'église à un sdf qui, à cause de cela, meure de froid quelques heures plus tard ! Tous ces gens sont responsables de cette mort et ils devront le payer, heureusement ! A quoi servent des prières faites par des gens qui ne veulent pas changer, qui trichent même avec Dieu en utilisant des techniques, qui se comportent en Tartufe ? Quelle prière peut-elle plaire à l'Eternel ? Celle d'un athée, d'un libre-penseur, d'un homme qui ne voulait pas croire en Lui mais dont l'action est inconsciemment foncièrement religieuse.
C'est ici que l'on voit l'importance considérable que peut avoir un vrai formateur qui doit agir en éveilleur. La fonction de Surveillant devient de ce fait la plus importante de toute la Maçonnerie. Si ceci vous intéresse, alors lisez mes livres.
PS : quand il se trouve des incohérences dans un grade, ce qui rompt l'équilibre du système tout entier, vous n'avancerez jamais, sauf, si vous refusez ce grade en respect de vos principes ou si vous renoncez à y travailler après avoir enfin pris conscience de ses anomalies ou incohérences. Evidemment vos cadres ne peuvent pas comprendre cela, sauf si vous avez autour de vous des frères de haute valeur mais des hommes ordinaires ne vous comprendront pas, ils pourront même faire de vous leur bête noire à éliminer.
On peut prendre des grades quand on est jeune et ignorant, que l'on ne sait pas ce que l'on fait, et j'ai moi-même vécu et fait cela comme presque tout le monde, mais il arrive un jour que le contenu de ces grades pose un problème de conscience religieuse, ou choque par leur non cohérence dans le système, alors il faut les abandonner, renoncer à y travailler. c'est la voie que les vrais maçons privilégient. C'est ce qui m'a fait quitter la France maçonnique pendant quasiment 30 ans.
Qu'est-ce qui est le plus important : ces grades qui heurtent votre conscience religieuse ou votre foi ? A vous de faire votre choix, ceci ressort de votre totale responsabilité : c'est pour cela que le libre-arbitre vous fut donné.